Des sales gosses aux petits anges gris

Riobamba (10.11.17) – Quito (18.11.17)

Plus nous montons au nord, plus le trafic de la Panaméricaine se fait dense. Mais Riobamba sonne le glas de ce gros axe routier car nous prenons la tangente, direction… la Lune! 1600 mètres de dénivelé suffisent-ils à atteindre la Lune? En Equateur c’est possible, à fortiori lorsque l’on se balade sur les pentes du Chimborazo (6268m). Végétation pratiquement inexistante, grandes plaines de sable gris foncé et en guise de créatures extraordinaires, des vigognes par dizaines!

A nouveau, nous nous inspirons d’un itinéraire trouvé sur internet (bikepacking.com/routes/trans-ecuador-dirt-road/), ce qui nous permet de sortir des sentiers battus. Une fois arrivés dans la province de Bolívar, nous comprenons vite que les habitants ne sont guère habitués à voir des gringos. Ils font preuve d’une retenue inhabituelle, beaucoup ne répondent pas à nos salutations; timidité, peur ou méfiance? Un peu des trois, à l’instar de ces fermiers qui ne veulent pas de nous et de notre tente pour la nuit, pourtant hors de leur terrain, « car ici on ne laisse pas des étrangers dormir n’importe où, le risque qu’ils nous volent est trop grand. Allez dormir au village de Simiátug ». Ou comme cette fillette qui sort tranquillement de chez elle avec sa maman, main dans la main. Au moment où elle nous voit, elle fait volte-face pour se réfugier chez elle, trébuche sur une brique et s’étale de tout son long… Plus haut, il y a une vieille dame avec sa boille de lait qui marche sur la route. A notre venue, elle se dirige vers le bord de la piste, nous tourne le dos et nous ignore, à l’image des enfants qui pensent qu’on ne les voit plus quand ils ferment les yeux… Mais cette ambiance pesante ne dure qu’une journée et la plupart des indigènes se contentent de nous regarder passer, l’air hagard…

La région est extrêmement reculée, les paysages n’en sont que plus beaux et sauvages. Exigeante, la piste réveille en nous des souvenirs péruviens, que nous « savourons » avec un plaisir certain, tout en poussant nos montures. Seul l’altitude manque à l’appel. Par contre le rythme est élevé car nous souhaitons arriver à Quilotoa avant mes parents, pour une rencontre surprise organisée avec leur guide, de mèche. Et pour une surprise, c’est une sacrée surprise! Sur leurs visages respectifs, on peut deviner le grand huit des émotions, toutes plus positives les unes que les autres! Accompagnés d’un chardonnay chilien à la robe cuivrée, les retrouvailles vont bon train!

Changement de province, changement de comportement! Dans celle du Cotopaxi, nous retrouvons des Équatoriens plus ouverts et jovials. Et comme souvent, les enfants reflètent à merveille l’état d’esprit d’une région. C’est sur le retour de l’école qu’une petite dizaine de niños s’arrêtent à notre hauteur, intrigués par notre pause mécanique (changement de plaquettes de frein). Nous papotons un peu avec eux, puis nous nous remettons en selle pour un bon raidillon. Ils nous suivent sans problème, un peu timidement, puis deux ou trois garçons se mettent à pousser nos vélos. Reconnaissants, nous les encourageons en criant des « youhou »! Désinhibés, ils y vont carrément, se relayant quand ils n’ont plus de souffle, rigolent, nous aussi, bref on passe un bon moment! Pour les remercier, on leur donne deux paquets de cacahuètes, et on insiste bien sur le fait qu’ils doivent partager entre eux, car il n’y en a pas des masses. Adorables, ils se les répartissent entre eux sans faire d’histoire, et viennent même nous donner une part! Puis nous repartons avec trois garçons, qui habitent encore plus haut. Au final, nous nous retrouvons seuls avec le petit Max, cinq ans, qui habite bien loin de l’école: 3.5 kilomètres et 180 mètres de dénivelé (à descendre le matin et remonter le soir), deux fois par jour, six jours par semaine. Ben je peux vous dire qu’il avait une sacrée pêche, le petit Max!

Pour un dernier détour avant Quito, nous traversons le parc national du Cotopaxi du sud au nord. Arrivés à midi au point culminant de la route, nous posons la tente dans une des aires officielles de camping (3800m), recouverte de conifères. Situé au pied du Cotopaxi (5897m), l’endroit est tout simplement magnifique. Nous prenons du bon temps, malgré le vent glacial qui nous vient des pentes du géant enneigé. Ça nous fait tout drôle de penser que demain, nous roulerons dans le chaos de Quito, pour retrouver une des villes coloniales les mieux préservées d’Amérique du Sud. Mais pour cela, il va falloir redescendre de notre petit coin de paradis par une route en pavés, qui doit bien rivaliser avec l’enfer du Nord…

Arthur | 23 décembre 2017 | Popayán | Kilómetro 17’730

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Les premières pentes du volcan Chimborazo. Le sommet (6268m) restera malheureusement pudique jusqu’au bout… De par la forme ellipsoïdale de la Terre, le Chimborazo représente le point le plus éloigné du noyau de la Terre, et donc le point le plus proche du soleil.
Millefeuille géant!
Le parc du Chimborazo, appelé « réserve de reproduction faunistique », a permis de réintroduire en Equateur des vigognes importées du Chili et de la Bolivie dans les années 80. Pour la première fois de notre voyage, elles sont habituées à l’Homme et se laissent photographier de près!
Coucher de soleil vers le Pacifique. Nous sommes 4400 mètres « au dessus » du spectacle!
Ambiance lunaire au petit matin…
Vigognes par dizaines.
Les montagnes équatoriennes sont nettement plus peuplées que dans les pays plus au Sud (altitude moyenne plus basse, terres cultivables…). Mais il reste des possibilités, pour notre plus grand bonheur, de pouvoir pédaler au milieu de nulle part!
Sarah tout sourire en balade dans le páramo (écosystème tropical situé entre la limite des forêts et des neiges éternelles). A 4300 mètres, nous retrouvons le froid, le vent, l’air raréfié et ma foi, ça nous fait un bien fou!!
Descente sur une piste reculée, direction Salinas de Bolívar et son tourisme communautaire.
Buanderie à ciel ouvert! Et aussi douche par la même occasion….
Bivouac au bord d’une rivière, après s’être faits refouler par des fermiers trop méfiants…
Et ça repart dans des pourcentages dignes de ce nom! Mais nous ne sommes pas à plaindre, car ici les forçats, ce sont les paysans qui cultivent leurs terres à la force animale…
Au dessus de Simiátug, nous prenons rapidement de la hauteur grâce à une bonne piste!
Les sales gosses de la province de Bolívar, en habits traditionnels. Ils commencent par nous pousser dans une légère montée. Mais bien vite, ils s’accrochent à tout ce qu’ils peuvent, poussent, tirent, dans l’axe, latéralement… Après avoir essayé de discuter avec eux, je dois élever le ton pour qu’ils nous foutent la paix! En guise de représailles, j’entends quelques cailloux rebondirent derrière moi. Ce sont les premiers depuis le Maroc.
Paysage typique de la sierra équatorienne.
Durant ces quelques jours dans la sierra, nous retrouvons parfois des conditions de route difficiles, similaires au Pérou, mais avec l’altitude en moins (environ 1000 mètres plus bas en moyenne). Là, il va clairement y avoir du sport!!
Mmmmh les gros cailloux…
On y passe tous les deux!
En aval de la laguna Quilotoa, les stigmates des dernières coulées de lave sont encore bien visibles!
La fameuse laguna Quilotoa, toute calme dans son cratère.
Rencontre surprise avec mes parents!
La route n’a pas résisté au dernier hiver… Faut pas se louper, sinon c’est le grand plongeon! Et dire que 30 secondes auparavant j’égalisais mon record (89km/h), la « faute » à une rampe de psychopathe!! 😉
Après les sales gosses de Bolívar, voici les anges gris du Cotopaxi! Le petit Max est le quatrième depuis la gauche.
A l’horizon, le cratère de Quilotoa. C’est dans ces paysages accidentés que nous établissons un nouveau record: 850m de montée et 1730m de descente en seulement 37km! Soit 7% de déclivité moyenne!
Cimetière d’Isinlivi: « bienvenue au jardin du repos ».
Laguna de Limpiopungo, parc national du Cotopaxi.
Le Chimborazo se montre enfin (au centre), mais nous sommes désormais à plus de 100km à vol d’oiseau…
La faune du Cotopaxi…
… se balade au petit matin! Cône parfait, le Cotopaxi (5897m) est le volcan en activité le plus haut du pays.
Périphérie de Quito, les vacances approchent!

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