Le Grand Nord… du Sud!

Cartagena (16.01.18) – Riohacha (30.01.18)

Carthagène, 16 janvier 2018: je trépigne d’impatience, aujourd’hui c’est le jour J! En fin de journée, il est prévu que nous retrouvions Sarah et Arthur!☺Depuis notre arrivée en Colombie le 4 janvier, je compte les jours! Même si j’ai bien conscience que cela est quasiment impossible, depuis le début de notre voyage, à chaque fois que nous prenons le bus, j’ai l’espoir de les voir sur leur vélo; au loin, là-bas sur une longue ligne droite ou alors, de les croiser par hasard au détour d’un chemin… Vers 17h00, comme prévu, Audrey et moi arrivons dans notre petit hôtel. A la réception, nous apercevons directement deux passeports suisses posés sur une table. Mon cœur s’emballe, Sarah et Arthur sont peut-être déjà là! Je commence à crier « Choupe Choupe! Choupe Choupe! » (et oui, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le petit nom de Sarah ☺)! Au bout de quelques secondes, ils apparaissent dans le couloir, nous leur sautons dans les bras. Ah, qu’il est bon de les retrouver! Ils arborent un large sourire. Ils sont tout minces, tout bronzés, tout puants, ils viennent d’arriver! Les sentiments se mélangent, par où commencer, tant de choses se sont passées, tant de choses à se raconter. Il faut dire qu’entre nos au revoir à Marly et nos retrouvailles ici, à Carthagène, 19’195 kilomètres de vélo ont été parcourus. Eh oui, ils l’ont fait, ils ont traversé toute la cordillère des Andes! Ce soir, restaurant pour fêter tout ça! Puis demain, visite de Carthagène, une ville portuaire pleine de charmes. En effet, la vieille ville fortifiée est magnifique: des petites rues pavées, de grandes places où il est agréable de se retrouver pour échanger et siroter un verre, des bâtiments coloniaux très colorés, des sculptures tout en rondeur de Botero, des églises ainsi que la Cathédrale de Santa Catalina de Alejandría pour Arthur!☺ Nous découvrons aussi le château de San Felipe de Barajas, un fort situé au sommet de la colline de Saint-Lazare. Il offre un point de vue splendide sur toute la ville.

Santa Marta, 19 janvier: nous arrivons en fin de journée dans cette jolie ville portuaire. Le bord de mer est assez animé et après une petite balade, nous passons un souper tout aussi animé dans le restaurant de Cocinando, un Italien installé en Colombie depuis 45 ans. Nous voilà requinqués pour la suite et c’est en direction de Minca que nous nous dirigeons le lendemain. Minca est un joli village de montagne à quelques kilomètres de la côte caraïbe, un petit havre de paix où nous nous reposons entre deux balancements de hamac et de magnifiques couchers de soleil. Nous logeons sur les hauteurs, entourés d’une vaste végétation où l’on entend les oiseaux et le bruit de la rivière en contrebas. Une marche depuis le village nous mène à la finca familiale de café et de cacao d’Eugenio. En tant que bons Suisses, nous nous devions d’aller découvrir les étapes de l’élaboration du cacao… ! En premier lieu, nous découvrons le cacaoyer, sur lequel poussent les cabosses. Ces dernières contiennent entre 16 et 60 fèves de cacao. Leur aspect est assez surprenant, car mêlées à une pulpe blanche. Ces fèves fermentent, sèchent, sont torréfiées et encore moulues avant de pouvoir être dégustées et tant appréciées! Nous passons évidemment par la case dégustation, mais c’est surtout avec un look digne de voyageurs sud-américains que nous repartons. Le petit masque du visage à base de café, de cacao, d’eau de rose et de miel nous a presque fait croire à un bronzage exquis en ce mois de janvier… Hélas, ce n’était qu’éphémère. Nous avons ensuite marché dans ce magnifique panorama, jusqu’à Pozo Azul, une rivière assez fraîche, entourée de forêts et de gros rochers, qui se trouve enfoncée dans les montagnes de la Sierra Nevada.

23 janvier: journée playa à la bahía Concha, où nous avons l’occasion d’admirer en détail le magnifique bronzage de nos cyclistes préférés! 🙂

24 janvier: nous nous rendons à Tayrona, un parc naturel protégé. Au programme de cette journée, marche d’environ 14 km et baignade dans un décor tout simplement grandiose. Entre terre et mer, les couleurs se mélangent subtilement et nous offrent des paysages somptueux. De cette journée, je garde de nombreux et précieux souvenirs: les vagues qui déferlent violemment d’un bruit sourd sur les immenses rochers, mes pieds qui s’enfoncent dans le sable blanc, le gros singe qui se balade d’arbre en arbre avant de disparaître dans la dense végétation, les groupes d’oiseaux qui forment des images dans le ciel, les immenses palmiers qui dansent au rythme du vent, les sourires complices, les échanges sur tout, sur rien, sur la Vie, tout simplement… Cette journée se termine sur un toit terrasse de Santa Marta autour d’un bon repas. Ce soir-là, on fait « péter le budget »! C’est notre maman qui nous offre le souper! Mhmmm, le petit goût de ceviche est encore là! 🙂

26 janvier: on embarque, destination Cabo de la Vela sur la péninsule de la Guajira. En accéléré, voici l’histoire du trajet. Notre voiture va très vite entre Riohacha et Uribia, aussi Arthur interpelle le chauffeur sur sa vitesse. Celui-ci lui répond: « nous sommes obligés d’être rapides, au risque sinon, que les fermiers de la région nous agressent »! M’ouay! Nous ne sommes pas franchement convaincus par cette explication! Entre nous, des petits sourires s’échangent! Arrivés à Uribia, on s’entasse avec des locaux dans une jeep. Les moindres recoins du véhicule sont utilisés car dans la péninsule les denrées sont rares, il faut prendre des provisions. Dans la jeep qui file sur la piste de sable, les regards se croisent, s’apprivoisent, se sourient puis les langues se délient… Arrêt sur image : il y a cette femme qui explique que son travail c’est d’être ama de casa. Avec Sarah, on le traduit comme « être l’âme de la maison », une belle manière d’expliquer qu’elle est femme au foyer. Nous apprenons par après qu’en espagnol l’âme se dit alma. Nous nous sommes donc trompées. Toutefois, nous retenons le charme du moment. Il y a aussi ce petit garçon lové dans les bras de son papa qui me regarde de temps à autre avec ses yeux noisettes plein de lumière; puis cet homme d’environ 35 ans qui est venu de Bogotá jusqu’ici à pied en 26 jours; à côté de lui un vieux monsieur au regard doux qui ne dira pas un mot du trajet, sans doute parle-t-il seulement le wayuu; il y a aussi cette fillette de huit ans qui, d’abord intimidée devant Arthur, devient malicieuse et joueuse. Fin de l’arrêt sur image, reprise de la route. La jeep file à toute allure, nous nous enfonçons dans le désert. Ici et là, des cahutes en bois, perdues au milieu de nulle part. Tout est très sec et pourtant, là-bas, au loin, on aperçoit un point de couleur, du turquoise, c’est la mer…

Cabo de la Vela, voilà ce que je retiens de toi… D’abord la douche à ciel ouvert, des millions d’étoiles me regardent, je suis un peu gênée, je me sens petite dans cette immensité! Puis, nos deux nuits dans les hamacs suspendus à quatre mètres de la mer. Ici, il n’y a quasiment personne… Chut! Ecoutez et découvrez mon premier réveil: tout doucement une vague est poussée vers l’avant, elle vient se poser sur le sable. L’écume qui glisse et frétille encore quelques secondes avant de se retirer à pas de loup. J’ouvre les yeux, devant moi la mer et rien que la mer: verte, bleue, azurée,… Les couleurs se transforment sous les rayons du soleil. Le vent, quant à lui, dessine des sillons à la surface de l’eau. Sans un bruit, quelques chiens errants se baladent sur la plage et des crabes jouent à cache-cache dans le sable. J’entends ensuite le cri d’une frégate, elle est sans doute à la recherche de son déjeuner, car tout comme moi, elle reste un bon moment plantée là. Dans mes souvenirs, je nous revois, nous quatre, à l’autre bout du monde, au bord de la plage, buvant une bière colombienne en regardant les kitesurfeurs virevolter dans le ciel avec pour fond, un magnifique coucher de soleil. Pour finir, je garde en mémoire notre journée de marche sous un soleil de plomb avec pour seules provisions: quatre lulos, deux carottes, trois sachets de cracottes, quatre tomates d’arbre, un paquet de pain toast et un petit bout de fromage. J’avoue, j’ai la trouille, aujourd’hui, nous allons peut-être mourir de faim! Mais non, je me suis trompée, tout ira bien pour mon bidon… Toutefois, avec le recul, je me demande si ce jour-là, je n’ai peut-être pas mangé avec mes yeux, car il faut l’admettre entre le Pilón de Azucar, la crête, les falaises, le phare, le geyser maritime, j’en passe et des meilleures, j’en ai pris plein la tête!

28 janvier: nous voilà listos pour atteindre notre dernier but: la Punta Gallinas, le point le plus au nord de la Colombie et de l’Amérique du Sud. C’est en jeep, à travers le désert que nous entamons le trajet de bonne heure après un petit tinto! Le soleil se lève durant le voyage et le paysage se dessine doucement derrière les branches d’arbres et les nombreux cactus. Puis une lancha nous attend pour nous amener là où nous logerons… ou… c’est plutôt nous qui l’attendons! Nous arrivons dans un environnement désertique où la nature est surprenante et très diversifiée. Le plateau, les dunes de Taora, les falaises rocheuses sortant de la mer ainsi que les racines de mangroves forment un tableau extraordinaire qui démontre la richesse et la variété des paysages que la Colombie recèle.

Après deux semaines d’aventures à quatre, Sarah et Arthur retournent sur Carthagène afin de retrouver leurs fidèles compagnons à deux roues pour quelques centaines de kilomètres encore et nous, nous nous envolons pour Bogotá.

Léa & Audrey pour le texte | 25 février 2018 | Fribourg
Sarah & Arthur pour les photos et légendes

L’Église de San Pedro Claver, édifice construit dans la première moitié du 18ème siècle, vient compléter le couvent attenant, bâtit par les Jésuites un siècle auparavant.
Parc de la Marina avec le musée naval ainsi que les dômes de la Cathédrale et de l’église de San Pedro Claver.
Eglise et couvent de San Pedro Claver, vue extra-muros.
Vente de fruits pour touristes, habits traditionnels, balcons en bois travaillé et fleurs aux façades font le charme du centre historique. Dommage que les prix soient en général exorbitants et que les rabatteurs en tout genre agissent avec ferveur.
Ambiance détendue dans le centre historique de Carthagène.
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La fine équipe au château de San Felipe de Barajas. Construit en 1536 par les Espagnols sous le nom de château de Saint-Lazare, il est renforcé et renommé en 1657. L’édifice n’a jamais pu être pris par l’ennemi. [photo inconnu]
La partie moderne de Carthagène, un petit air de Manhattan?
Le port maritime de Santa Marta brille de mille feux.
Minca, eldorado perché à 650m au dessus de la mer, permet aux voyageurs de tout horizons de déconnecter du tumulte de la côte trop touristique et de son climat étouffant.

Les sœurs Gaillard en harmonie avec le coucher de soleil. [photo Audrey]
Les fameux masques cacao-café-miel-eau de rose. [photo dueña de la finca]

Santa Marta vue de Minca, ville portuaire animée et authentique.
Tuki, le pauvre toucan à qui l’ancien propriétaire a coupé les ailes pour ne pas qu’il s’échappe… Comme il n’obéit pas du tout au nouveau proprio, nous le surnommons « Tuki t’encule »!
Bahía Concha, où le retour en enfance…
Quand les éléments se déchaînent! Parc national Tayrona.
Montagnes et mer, palmiers et rochers, le parc Tayrona offre des plages de toute beauté.
Qui dit nature extraordinaire dit parc national, afin de préserver ladite nature. Mais souvent, le contraire se produit, et c’est la porte ouverte au tourisme de masse! Jusqu’à une heure de queue pour pouvoir entrer dans le parc, des campings où l’hygiène des tentes et des sanitaires laissent à désirer, des repas 3 à 4 fois plus chers que le prix habituel, des guardaparques au taquet qui te sifflent si tu nages au delà des bouées ou si tu « escalades » un gros caillou…
N’empêche, l’ambiance reste magique…
… et au moins ils recyclent le PET! Doux Jésus la quantité!
Itou pour la quantité de monde, dont nous faisons aussi partie…
Le bronzage cycliste, pas tant sexy pour la plage! Donnez-nous des pieds bronzés! [photo Léa]
Plus de la moitié des plages ne sont pas recommandées pour la baignade, trop de vagues et courants, d’où les drapeaux rouges. Tant mieux pour les photos!
Cabo de la Vela, havre de tranquillité et paradis des kitesurfeurs!
Entre le soleil couchant, les kitesurfeurs en grande forme et la mer miroitante, tous les éléments sont réunis pour apprivoiser son appareil photo. [photo Léa]
Les couchers de soleil, toujours le même principe, mais on ne s’en lasse jamais!
Playa del Pilón.
Au sommet du Pilón de Azucar. Le vent n’a d’égal que le rayonnement du soleil. Et notre bonne humeur bien sûr! [photo touriste argentine]
Cactus en fleur ou lorsque les piquants se font plus doux.
Une crique parmi tant d’autres.
Rien de tel qu’une marche de 3h entre le Pilón de Azucar et le phare du cap de la Vela pour profiter de ce magnifique environnement.
En arrivant au nord de la péninsule de Guarija, nous sommes accueillis par de gracieux pélicans. Pour le reste, dans cette région semi-désertique, seuls les cactus et le vent plantent le décor. Un vent digne de Patagonie, où quand les antipodes se rejoignent!
Seules les familles de la tribu Wayuu vivent au nord de la péninsule de Guarija, dans des conditions plus que spartiates.
Le vieux phare de la Punta Gallinas, nous sommes définitivement dans le Grand Nord… du Sud! [photo Léa]
Quand eau et sable se confondent. Bahía Hondita.
Dunes de Taroa. Non, ça n’est pas une courte profondeur de champ qui rend l’horizon flou, mais un vent terrible qui fouette les grains de sable!
Définition de la survie?
Balade à la limite de l’angle de frottement interne! 😉
Promenade sur une des îles de la bahía Hondita.
Trois Wayuu aux visages bien typés. A l’horizon, le sable mène la danse!
Seuls au monde?
Un des quelques hameaux que compte la péninsule.
Playa Aguja.
Cocktail de cactus.
Sarah tente une réincarnation en cairn. Punta Aguja.
Salines artisanales et familiales de Manaure.

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