Des montagnes russes à la moiteur africaine…

Manizales (03.01.18) – Cartagena (16.01.18)

En repartant de Manizales, j’ai le sentiment d’avoir oublié quelque chose, je ressens comme un vide… C’est évidemment le départ de Laurent, qui a pris le bus ce matin pour Bogotá avec sa monture soigneusement emballée et ses affaires entassées dans un sac de farine, pour la soute! Mais bien vite, nous retrouvons nos petites habitudes de vieux couple pour cette dernière ligne droite qui doit nous mener au but ultime: Carthagène et la côte des Caraïbes!

Ce sera un tronçon en deux étapes temps: tout d’abord de la montagne avec des cols classés hors catégorie puis une étape de plat avec sprint final, histoire de retrouver Léa (la sœur de Sarah) et sa copine Audrey, pour des vacances plage-rhum! Des montagnes russes aux plaines sans fin, de la zona cafetera aux ciénagas (marécages) du nord, du maillot à pois au maillot vert (la concurrence est faible…), des quartiers de (très) riches aux alentours de Medellín aux pauvres cahutes de bois des régions de Sucre et Bolívar, des métis des montagnes aux Noirs des plaines, de la fraîcheur relative aux chaleurs objectives. En l’espace de deux heures de vélo, 60 kilomètres et 2’300 mètres de descente, nous changeons de monde! Probablement comme jamais au cours des 18 derniers mois.

Neira, Aranzazu (photo de titre), Salamina, Pácora, Aguadas, Sonsón… Nous sommes au cœur de l’une des six zonas cafeteras, aux paysages fameux, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO sous le nom pompeux de « paysage culturel de café de la Colombie ». Les gens sont d’une extrême gentillesse, aimables, souriants, patients, serviables… Si tu as le malheur de tourner en rond au supermarché pour chercher un produit, la caissière vient te demander ce que tu cherches… Le seul prix à payer pour découvrir ces contrées, les montées! Le profil ressemble à une courbe sismique étirée… Les Jeep Willys de toutes les couleurs sont toujours présentes, les salons de billards sont légion autour du parc central. Bref, une ambiance bien particulière et détendue!

Et puis ici, les cyclistes sont rois! Il y en a de toutes sortes: les Medellinenses en vacances qui viennent manger du dénivelé sur la route, les Manizaleños qui éprouvent leurs derniers VTT sur des sentiers exigeants, les jeunes du coin en BMX qui s’accrochent aux poids lourds à la montée pour le plaisir de la descente, les locaux qui se déplacent à bicyclette – faute de mieux – et bien sûr la rencontre coup de cœur: un peloton entier d’enfants qui s’entraîne accompagné de leur entraîneur Gilmer, assis peinard sur son scooter. En sport-étude, ces sportifs en herbe habitent à Pácora ou Aguadas et font presque tous les jours l’aller-retour sur cette route de 15 kilomètres et 500 mètres de dénivelé. Dimanche qui vient, il y aura même une course à Medellín…

A Rionegro, ville sans intérêt qui a vu naître un certain Pablo Escobar, nous sommes accueillis à bras ouverts par Jimena (nièce de Raúl, un ami de la famille qui vit en Suisse), Juan Felipe et leurs quatre chiens envahissants! L’occasion pour nous de partager nos aventures, d’aiguiser notre perception du pays (économie, politique, histoire, sécurité, corruption, nature etc), de s’immerger dans la classe aisée colombienne, de récupérer des cinq derniers jours, d’apprécier Medellín la dynamique et de « subir » Guatapé la touristique!

Nous repartons pour Carthagène la pédale légère et ça tombe bien car nous commençons par une étape de 88 kilomètres et 2’000 mètres de dénivelé. Lors de la deuxième étape, nous « tuons » définitivement la cordillère des Andes, avec un léger pincement au cœur: 145 kilomètres, 1’100 mètres de montée et 3’400 de descente! C’est le fameux changement de monde! La cordillère, plus longue chaîne de montagnes au monde (~7’100 km) est derrière nous, du moins ses branches occidentale et centrale. La cordillère Orientale continue quant à elle jusqu’au Venezuela, ce sera pour une prochaine fois! La voie est donc libre, mais nous trimons durant quatre jours dans la chaleur humide et face au plat monotone pour abattre les 460 kilomètres restants. Seules les nouvelles ambiances – à San Onofre, le soleil rasant du soir à travers les arbres, la chaleur moite et les Colombiens à la peau d’ébène transportent notre imaginaire quelque part en Afrique… – et la perspective d’arriver à Carthagène maintiennent notre mental à flot!

Arthur | San Gil | 10 février 2018 | Kilómetro 19’300

Entre Manizales et Medellín, nous optons pour la route secondaire et ses villages typiques de la zona cafetera: Neira, Aranzazu (photo de titre), Salamina, Pácora, Aguadas et Sonsón. C’est aussi le choix des montagnes russes: 5’000m de dénivelé sur 170km!
Du coup, la topographie est idéale pour former des futurs champions! Ici entre Pácora et Aguadas.
A Aguadas, c’est carrément la policia del turismo qui nous accompagne jusqu’à l’hôtel, à bicyclette s’il vous plaît! Sur le guidon, feux bleu et rouge ainsi qu’une sirène, le tout alimentés par batterie!
Les matinées sont généralement ensoleillées, mais en fin de journée c’est souvent le déluge!
Les Jeep Willys, importées par les Yankees dans les années 1950, sont devenues le symbole de toute la zona cafetera.
Entre Aguadas et Sonsón, les terrains sont exploités au maximum, en dépit d’une topographie difficile. Les fincas semblent être accrochées aux pans de la montagne…
Les grains de café sèchent au bord de la route.
A gauche, le río Sonsón et à droite, la quebrada (torrent) Tonusco. Le village de Sonsón, but de la journée, se trouve derrière l’horizon à gauche du río Sonsón. Il va y avoir du boulot…
Transport public entre Sonsón et Aguadas.
Medellín, la plazoleta de las Esculturas et le palais de la culture. Sur la place, 13 statues en bronze de Fernando Botero ont été disposées. Ici le Soldat romain (1986). Tout à gauche vous devinerez le Chat, puis Eve et Adam ainsi que la Tête (de dos)…
L’intérieur de la cathédrale Metropolitana, de style néo-roman, a été achevée en 1931.
La famille colombienne (1973), Fernando Botero. Ne manquez pas de remarquer les nombreuses mouches et le passant curieux…
Sarah pose entre Guillermo Gaviria et Gilberto Echeverri, deux politiciens enlevés (2002), séquestrés puis assassinés (2003) par les FARC.
Le monumento a la Raza, œuvre de Rodriguo Arenas Betancur, raconte l’histoire du département d’Antioquia.
Visite de la comuna (communauté) 13, quartier souffrant à l’époque d’une violence extrême, due à la triple présence des narcotrafiquants, paramilitaires et guérilleros. Construit sur une des collines de la ville, la topographie et l' »aménagement du territoire » à la colombienne en fait une zone difficile d’accès pour les transports, les soins et les forces de l’ordre.
Le 29 mai 2002, une première opération militaire a lieu afin de pacifier la zone. Depuis, le quartier est sorti petit à petit de la misère et de la violence, non sans effusion de sang, militaire et civil. Chaque fresque, peinte par des artistes de la communauté, raconte un volet ou une thématique de l’histoire de la comuna. Afin de faciliter les déplacements, un ensemble de six escalators couverts (on voit les toits, construction 2011) couvre une partie du quartier, signe de prospérité et stabilité.
Medellín depuis le quartier de la comuna 13.
Fresques colorées et briques brutes!
Afin de désenclaver certains quartiers pauvres et montagneux de la ville, le réseau de transport publics compte plusieurs lignes de Metrocable, reliées aux lignes de métro et bus. Ici, la station de San Javier.
L’aéroport Olaya Herrera vu de la colline Nutibara.
La piedra del Peñol vue de (trop) près et ses escaliers dégueulasses en béton et maçonnerie (659 marches). La pierre, haute de 200m, offre un joli point de vue sur les alentours, entre autres le lac de Guatapé.
La frénésie du Moi (et de l’autre) au sommet du caillou!
Le lac artificiel et tentaculaire de Guatapé, achevé en 1979.
La très colorée Guatapé, connue pour ses bas-reliefs.
La Iglesia del Calma et son intérieur bois, 1811.
Guatapé.
Après une descente de 2’300m, nous retrouvons le río Cauca au village de Puerto Valdivia. Altitude: 150m, distance planifiée jusqu’à Carthagène: 500km. La cordillère des Andes est bel et bien derrière nous, pour toujours? Rien n’est moins sûr!
Prise de vue depuis la table de notre petit-déjeuner: la femme à moto distribue son lait dans le village, le garçon travaille au restaurant « El buen sabor »!
Ciénagas (marécages) et bovinés, nous ne sommes définitivement plus dans les montagnes!
Encore à l’arrêt et déjà transpirant… Photo souvenir avant de quitter l’hôtel Monterrey de Lorica.
Scène de vie au mercado de Lorica.
Quand Archimède est à la limite de ses forces! Río Sinú.
Vaisselle et baignade dans le canal del Dique, village de Gambote.
Gambote et le canal de Dique, construit par les Espagnols dans les années 1650 afin de relier la baie de Carthagène au río Magdalena.
Les nombreuses ciénagas font partie intégrante du paysage dans le nord-ouest du pays.
Premier aperçu de Carthagène, un petit air de Manhattan… Notre but est presque atteint, après plus de 19’000 km…

Un commentaire sur “Des montagnes russes à la moiteur africaine…

Ajouter un commentaire

  1. Salut, un petit mot tout simplement pour te dire que ton blog est génial ! Les photos sont justes sublimes à chaque fois ! Chacun de tes articles sont riches en informations et on ne s’ennuie pas en les lisants. J’ai été contente de découvrir ton blog.
    Jo,
    A bientôt https://joetsoncarnet.fr

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :