Milan (28.02.18) – Marly (10.03.18)
Jamais un vol long-courrier ne m’a paru aussi rapide. Il faut dire qu’en volant à rebrousse fuseaux, la nuit fut courte. L’envie de revenir en Europe, de redécouvrir ce que l’on connaît déjà (ou que l’on croit connaître encore…) avec d’autres yeux, le fait de quitter la Colombie sereins et comblés, d’avoir le sentiment d’avoir bien profité jusqu’au bout aident certainement à ce retour, inéluctable dès le premier coup de pédale! C’est donc avec la buena onda que nous atterrissons à Milan Linate, le petit aéroport à « deux pas du centre-ville, si vous chaussez du trois kilomètres »! (Yann Marguet, les Orties 023). A peine arrivés et déjà au boulot! Nous nous trouvons un coin dans l’aéroport pour déballer nos cartons, nos bagages et là, commence le remontage de nos montures et le remplissage des sacoches, sous le regard parfois curieux des passants. Un des travailleurs de l’aéroport nous demande ce que l’on va faire, car dehors « il fait froid ». Rien de bien méchant, ce soir nous allons seulement jusqu’au centre-ville, rejoindre Monica, qui nous accueille chez elle! En sortant de l’aéroport nos vélos à la main, nous repassons devant le travailleur inquiet qui nous met à nouveau en garde contre le froid…
Nous faisons nos premiers tours de roues sur sol italien et dans nos têtes, c’est la grosse bousculade d’informations et de ressentis! Nous entendons le son de nos roues sur l’asphalte, nous roulons de nuit sans nous poser de questions par rapport à la sécurité routière ni s’il y a des quartiers chauds à éviter pour entrer dans Milan. En démarrant d’un carrefour, pas besoin de regarder à 360 degrés pour anticiper un éventuel véhicule sorti de nulle part! La luminosité, tamisée par un brouillard hivernal, baisse très lentement, comme si le soleil ne voulait pas aller se coucher. Les arbres sont dégarnis, du jamais vu depuis des lustres! Une voiture électrique nous dépasse sans bruit, la trachée ne brûle pas une fois arrivés en ville… Durant ces quelques 10 kilomètres, tous nos sens sont en éveil, j’ai l’impression d’être un étranger que l’on a parachuté dans un environnement inconnu, ou plutôt oublié!
Cette longue journée se finit en beauté, grâce à l’accueil chaleureux et attentionné de Monica! Cette journaliste free-lance et sa fille Marta nous reçoivent comme si nous nous connaissions depuis longtemps! En réalité, nous devons cette heureuse rencontre à Enrico, un Génois rencontré en Patagonie, qui nous met en contact avec Monica, via les méandres des réseaux sociaux. Durant trois jours, nous partagerons discussions, repas et expériences de voyage à vélo. Il faut dire que Monica, la cinquantaine, a fait fi de ses craintes pour se lancer dans un premier voyage à bicyclette en 2017, de Milan à Rome! Et en mai 2018, ce sera Vienne-Milan!
Nous profitons de ces deux jours pour visiter un Milan enneigé (les terrasses du Duomo sont même fermées!), pour (re)découvrir les spécialités culinaires lombardes et italiennes, déguster des cafés dignes de ce nom, acheter des chaussettes chaudes pour passer les Alpes… Puis vient le départ pour cet ultime tronçon, le dernier d’une longue série! Après des adieux émouvants avec Monica, nous enfourchons nos montures, qui semblent insensibles au climat hivernal… Nous quittons Milan par un froid vif, puis viennent la neige, la pluie, et enfin la neige à nouveau! C’est complètement frigorifiés que nous nous réfugions dans une pizzeria de Côme! D’un point de vue climatique, nous plaçons cette demi-journée de vélo (40 kilomètres) dans les dix pires jours du voyage, marrant qu’il faille venir en Italie pour souffrir autant, après avoir traversé la cordillère des Andes! L’après-midi, nous longeons le lac de Côme, heureusement au sec. Mais ne vous méprenez pas, c’est plutôt ambiance fjord norvégien que lac alpin ensoleillé!
Le lendemain, c’est sous un soleil radieux que nous remontons le val Bregaglia, direction col de la Maloja et de la Haute Engadine. Nous passons la douane suisse comme deux vulgaires touristes, pas un contrôle, pas le moindre douanier au bord de la route. C’est la frontière la plus anonyme que nous traversons depuis 18 mois! A Maloja, nous posons les sacoches au centre de vacances Salecina, sorte d’auberge de jeunesse relativement abordable où les hôtes doivent participer aux tâches ménagères. L’établissement est littéralement rempli d’Allemands, l’ambiance est très communautaire, presque sectaire. Après le souper, grande discussion tous ensemble pour se présenter et distribuer les corvées. Mais le clou de la soirée restera le mini-débat (même pas animé!), parce que quelqu’un a rangé ses bâtons de skis dans le local à chaussures, au lieu de les placer dans le local à skis! Et naturellement, il ne faudrait pas que ça se reproduise! Je me demande qu’est-ce que je fous là, en regrettant déjà la spontanéité et la simplicité sud-américaine…
La suite passe par le col du Julier et sa descente glaciale pour nos mains mal équipées. A Bivio, nous buvons un bon thé pour permettre à nos organismes de se réchauffer. Les Alpes sont derrière nous, les retrouvailles avec les amis peuvent commencer! Après un café à Lenzerheide avec Claudia et Angela, nous mettons le cap sur Untervaz. Là, Seline et Dario nous reçoivent comme des rois! Les discussions vont bon train, il faut dire qu’après une si longue absence, il est grand temps de faire un update de nos vies respectives! L’expérience se répète à Lüthärtigen chez Cornel et Corina, à Zurich chez Reto et Sylvie, à Kriens chez Julia et Mattia et enfin à Berne chez Aurélie et Simon! Avec en sus de petites fêtes à Zurich et Berne! C’est donc sur les rotules mais heureux que nous avons l’honneur de partager l’avant-dernière étape avec Julia, Xavier et Simon ainsi que la dernière étape avec un peloton de 14 courageux (voir photo pour les noms) à l’assaut du Gurnigel, sous une pluie fine mais néanmoins transperçante! L’arrivée se fêtera dignement avec la famille, les amis et des fondues!
Un grand merci à vous tous pour l’accueil, les discussions, le partage d’émotions, les rigolades et les fêtes de cette dernière semaine! Ça nous aura permis d’arriver à bon port par étapes et d’atténuer l’inévitable choc sédentaire!
Arthur | 26 avril 2018 | Marly | Kilomètre 20’495





































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