El Calafate (21.01.2017) – Punta Arenas (12.02.2017)
Il y a un mois et demi déjà, Arthur expliquait en une phrase la fondue partagée avec nos amis français à El Calafate. Or je pense que quelques détails supplémentaires sur la réception de ce paquet au contenu de première importance (fromage, chocolat, biscuits de Noël, cake de Jojo…) s’impose…
Nous attendions ce colis à El Chalten déjà. Le lendemain de notre arrivée, je faisais donc le pied de grue devant la poste et y retournerai encore deux fois dans la semaine: une fois pour prendre la température, une deuxième avec le code du paquet, une troisième pour être sûre que le paquet restera à El calafate comme convenu avec le postier, histoire de gagner quelques jours! Arrivés à El Calafate, rebelote donc, le premier édifice visité sera la poste! Là on nous explique que le paquet arrivera peut-être le lendemain, mais qu’il doit ensuite être approuvé par le service des douanes qui passe éventuellement une fois par semaine récupérer les envois internationaux… Grosse panique! Nous prévoyons de rester 3-4 jours maximum! Nous prenons donc le diable par la queue et débarquons directement à la douane, dans l’idée d’amadouer Eric, le responsable. Par chance ce dernier parle allemand (ici beaucoup sont d’ascendance allemande), ce qui facilite clairement notre plaidoyer ;-)! Et c’est gagné! Il nous invite à repasser le lendemain. Si le paquet est là, il nous le libérera sans paperasse, contrairement à la procédure. Le cœur un peu serré nous débarquons donc un jour plus tard à l’heure donnée, mais il est encore trop tôt. Deux heures plus tard, je passe derechef à la douane, où les paquets attendent dans leurs sacs scellés qu’on veuille bien les libérer. Un sous-fifre s’occupe de mon cas et trouve le fameux colis qui pue la mort et me questionne sur son contenu. Là je blêmis et suis obligée d’avouer l’inavouable… Oui… peut-être… le colis contient du fromage! Or il est interdit d’importer des produits frais en Argentine… Lorsqu’il entreprend d’ouvrir le paquet à grands coups de cutter, je vois déjà la fondue rêvée dix fois me passer sous le nez. L’horreur! Surtout pour moi, comme vous le savez si bien ;-)! Et là miracle: il me tend le paquet et listo, qui veut dire ici ok, va-t’en, on t’a assez vu! Eric, un peu plus loin dans la salle me voit repartir, le sourire jusqu’aux oreilles, et doit penser avoir fait une bonne action! Toute cette histoire aura rendu cette fondue encore plus délicieuse et fait beaucoup de jaloux auprès des futurs Suisses rencontrés!

L’épisode de la fondue réglé, nous reprenons la route en direction de Puerto Natales avec une patate d’enfer, un peu ralentie dans la montée d’un col pas prévu du tout, à 60 km d’El Calafate. Nous continuons quand même notre route, sachant que Jérôme et Céline nous attendent un peu plus loin à un poste de police, où l’on peut passer la nuit. Les gendarmes ayant désertés leur quartier, nous campons tous ensemble dans leur jardin à l’abri du vent. Pim, hollandaise et Mag, américaine complètent la fine équipe que nous sommes. Après un bon souper dans la bergerie, attenante au poste, nous partons nous coucher. Demain les 45 premiers kilomètres de piste devraient être assez rudes (beaucoup de tôle ondulée et de cailloux) selon les sudistes (ces inconscients qui remontent la Patagonie d’Ushuaia accompagnés par du vent de face quasi permanent). Et en effet, non seulement la piste n’est pas bonne mais le vent s’est levé. Au moment de partir, il souffle déjà avec force et nous prenons la mesure des histoires entendues. Le vent de face c’est dur, latéral c’est l’horreur. Sur cette piste de moindre qualité où seules quatre bandes étroites sont praticables à vélo, le moindre relâchement de concentration te fait déporter en une demie seconde par le vent sur une voie plus à gauche! Une fois en bordure gauche de route, game over, il faut remonter contre le vent jusqu’à la première bande. Nous avançons donc comme des limaces, chacun luttant seul contre cette force impalpable, qui augmente encore les heures passant. Nous estimons que le vent soufflait à 80km/h environ. Si seulement la piste eut été meilleure, nous aurions pu rouler côte à côte et nous relayer, gardant ainsi des forces, mais ce ne fut pas le cas… 45 km plus tard, exténuée je retrouve Arthur, qui roulait un peu devant, déjà attablé dans le café d’une station-service. Lui a trouvé tout ça rigolo, heureusement Céline et Jérôme eux, parlent du troisième pire jour de leur voyage. Je suis tout de suite rassurée. Si aujourd’hui représente le pire, je vais pouvoir arriver en Colombie, ce n’était pas drôle mais pas insurmontable non plus. Ce soir-là, bonne nouvelle, nous pouvons nous installer à la Vialidad (service des routes), une chambre nous est mise à disposition gratuitement, possibilité de se doucher et de cuisiner dans une grande salle, le luxe. En plus des 6 personnes que nous sommes déjà, 2 couples de cyclistes débarquent un peu plus tard, l’occasion d’échanger quelques infos sur la suite.




Après cette épisode tumultueux, nous partons tôt, le vent grossissant en cours de matinée, et arrivons sans encombre à Cerro Castillo. Le lendemain pareil et nous sommes soudain surpris par du vent dans le dos ;-). Nous sommes donc obligés de prolonger la journée, ne pouvant pas rater une occasion pareille. L’itinéraire du jour nous fait traverser le fameux parc de Torres del Paine. Il fait grand beau et les Cuernos se dévoilent sous leurs plus beaux atours. Nous ne sommes par contre plus que tous les deux, ayant laissé nos amis peu après l’entrée du parc et ressentons un peu le vide occasionné par cette séparation. Ça fait tout bizarre, mais nous les retrouverons dans quelques jours déjà à Puerto Natales… Ce soir-là, un peu fatigués des derniers jours nous prévoyons de nous coucher de bonne heure. Chose impossible, car entre-temps une famille d’Argentins nous prend sous son aile, nous invite à boire l’apéro, puis à manger tout ce qu’ils auront bien pu trouver dans le kiosque du camping: nouille chinoise et sandwich. La maman, qui s’inquiète que nous n’ayons pas assez de nourriture, nous donne encore tout ce qu’elle a dans sa voiture. Nous passons une super soirée, le père, militaire de carrière pour les Casques Bleus connaît un peu l’Europe, visitée après la fin de son mandat en ex-Yougoslavie en 1992.







Le lendemain, en plus des 100 km au programme, nous visitons la grotte du Mylodon, grosse peluche préhistorique rendu fameuse par Chatwin et ses anecdotes de En Patagonie. Au bout de cette longue journée se trouve Puerto Natales, bourgade de 18’000 habitants, à la grande concentration de bons restaurants. Nous débarquons à la Casa Lili, hostel-camping où il règne une agitation bon enfant, ça pipelette tout en cuisinant pendant qu’au salon un groupe de musique s’est improvisé, les tentes sont les unes sur les autres mais nous commençons à connaître la chanson.


Puerto Natales est le point de départ du trek de renommé mondiale de Torres del Paine. Nous avons pu réserver la total, soit 8 jours en boucle autour du massif du éponyme. Au final, nous ne sommes qu’à moitié convaincus. Oui le glacier Grey est magnifique, descend somptueusement jusqu’à son lac, abandonnant quelques icebergs au gré du vent, oui les Torres prennent une couleur kitsch au possible au lever du soleil qui fait frémir chaque amoureux de la nature, oui les condors ont une classe incroyable, mais il n’est peut-être pas nécessaire de se taper 8 jours de plat pour découvrir ces merveilles. Heureusement, nous avons fait de belles rencontres comme Paloma et Nik, schaffhousois, passionnés d’escalade et de voyages, avec qui nous passerons d’excellentes soirées.






















De retour à Puerto Natales, nos yeux sont déjà complètement tournés vers Punta Arenas, notre prochaine destination. Nous nous laissons pourtant encore une journée pour préparer la suite et visiter une ancienne usine de réfrigération, un pilier de l’économie jusque dans les années 60, avant de repartir. Les 250 km de route asphaltée, peu intéressants aux dires de nombreux cyclistes doivent pouvoir se faire en deux jours grâce au vent. Le premier jour, après 146 bornes nous atteignons Tehuelches. Les paysages étaient assez monotones mais le ciel nous livre un sacré spectacle de nuages aux formes loufoques. Après renseignement à la mairie, nous passons notre première nuit dans l’abri bus très confort du centre du village. Le lendemain matin, le ciel remet une couche. Il est terriblement menaçant, laissant pourtant quelques rayons de soleil toucher terre, donnant au tout une force incroyable. Nous avons le vent dans le dos, nous sommes les rois du monde. Puis nous atteignons la zone industrielle de Punta Arenas, le trafic augmente et nous redevenons de simples cyclistes bientôt à destination. Après deux jours de visite de cette charmante ville, chargée d’histoire nous voilà fin prêts pour découvrir la Terre de Feu.
Sarah | 05 mars 2017 | Puerto Octay | Kilómetro 6’680











C’est un article bien sympa, encore 8 jours pour nous et direction la France… On vous souhaite de continuer avec le vent dans le dos.. . ;-p
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Cool, des nouvelles ! 😉 Comme ça on peut continuer de rêver un peu depuis la France, en revivant le parcours…souvenirs, souvenirs…(déjà !)
Profitez bien!
Des bisous
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