Mise en jambe

Fribourg (20.08.2016) – Sète (12.09.2016)

Seulement, ou devrais-je écrire, déjà un mois que nous avons quitté notre vie proprette et sédentaire pour découvrir le monde et celle-ci a déjà passablement changé 😉 !!! Après une fête haute en couleurs, notre départ très médiatique (une dizaine de paparazzi se tenaient devant la porte de Chésalles 10, afin de restituer à nos descendants les premiers instants de ce voyage tant attendu!) et une dernière fondue symbolique au Pont qui branle près d’Epagny, nous pensions devoir à faire au contre coup! Que nenni! Nous quittâmes la Gruyère plein d’entrain, découvrant pour ma part la descente du « toboggan » par en-dessous avant de rejoindre le Bouveret, à quelques pas de la frontière française. Dimanche soir, de délicieux filets de perches en bonne compagnie nous donnèrent le coup de coude final pour un départ en beauté!

La France a représenté un camp de préparation et d’entraînement intensif, très utile pour la suite de nos aventures. Tout fût passé au peigne fin… Nous aurons tout d’abord testé nos mécaniques internes (en priorité mon genou)! En effet l’itinéraire imaginé par les Grands Cols alpins français demande pas mal de culot et un brin de folie aux vus de nos cargaisons! C’est vite vu; nous n’aurons croisé qu’un seul autre cyclonaute chargé comme nous, j’ai nommé Marco. En pénétrant dans les Alpes françaises par la petite porte qu’est le col de Jambaz, l’idée était d’évaluer ce genou capricieux. Ainsi nous pouvions choisir l’itinéraire le plus approprié en ayant toutes les cartes en main. Ces quelques craintes articulaires furent vite mise de côté tant la montée du col se passa bien! La musculation nécessaire comme le souffle viendront petit à petit, aucun souci de ce côté-là. Il est donc clair que nous enchaînerons les cols jusqu’à plus soif ces prochains jours. Deux cols plus tard, celui de la Colombière à 1613m (1150m de dénivelé et des tronçons à 11% de pente) enchaîné à celui des Aravis (1498m), le poids de nos sacoches nous coupe les jambes et mon moral baisse d’un cran. Nous sommes face à un dilemme: diminuer la longueur des étapes et prendre plus de temps dans les Alpes ou réduire le poids des bagages. La remise en question générale des biens emportés l’emporte. Au milieu de la ville de La Clusaz, nous trions donc nos culottes et matériels divers et renvoyons à la maison tout ce qui n’est pas absolument nécessaire. Heureusement j’ai pu sauver les livres ;-)! Nous repartons de plus belle et les encouragements, qu’ils s’agissent d’un pouce en l’air, d’un « bravo c’est super, ça va aller » des cyclistes en cuissard-vélo de courses nous redonnent la pêche! C’est ainsi que nous ne gravirons pas moins de 14 cols alpins en 12 jours. Arthur invariablement devant; moi tout à ma devise « lentement mais sûrement ». La récompense est dans tous les cas indépendante de la vitesse. La joie d’arriver au col, de découvrir la vue de l’autre côté et d’entamer la descente bien méritée est la même pour tous!

A force de monter et descendre, les paysages commencèrent à changer et ne ressembler plus qu’un peu à la Suisse. Le col de l’Izoard restera certainement longtemps encré dans nos mémoires tant les forêts de pins et les roches calcaires effritées nous présentèrent de nouveaux horizons. Il en sera de même jusqu’au couronnement de cette traversée, l’ascension de la Cime de la Bonette, plus haute route d’Europe culminant à 2802 m d’altitude.

Après deux semaines la machine était rodée, les Alpes dépassées et nous ne parlions plus que du « bonus ». Que faire de cette troisième semaine avant Sète. Nos pédaliers nous menèrent d’abord aux Gorges du Verdon, impressionnant canyon, où tournoient les vautours et les hirondelles dans un ballet incessant. Puis nous prîmes la route du Luberon, jolies collines recouvertes de forêts. Afin de gagner du temps, nous restons au nord de ce massif et empruntons la véloroute du Cavalon. Cette « autoroute » pour cyclistes, en site propre et très roulante, nous permit de rejoindre au plus vite Avignon et à moyen terme les Cévennes. Ainsi nous finîmes notre étape française par l’ascension du mont Aigoual, sommet à la vue imprenable sur les forêts cévenoles et les montagnes alentours.

En plus de nous endurcir et nous convaincre définitivement que cette aventure est faite pour nous, ces trois semaines françaises furent riches en rencontres. Nos vélos attirant les regards; connaisseurs d’autres cyclotouristes friands de questions techniques, relatant leurs expériences et leurs voyages des étoiles plein les yeux ou ébahis d’autres esprits curieux, nous amènent à échanger et converser avec beaucoup de monde. C’est ainsi que nous fîmes la connaissance de Marco, déjà évoqué plus haut. Cet italien parlant couramment la langue de Molière et chargé comme s’il faisait le tour du monde, arrive tard au camping de Beaufort, l’air crevé. Arthur, en discutant avec lui de notre projet et prochaines étapes, lui redonne du baume au cœur. C’est ainsi qu’il nous fait le plaisir de nous accompagner pour un bout de route: l’ascension du Cormet de Roselend et une soirée arrosée à l’huile d’olive de son père. Des bons souvenirs!

Quelques jours plus tard ce sera la rencontre avec René, Christine, Thomas et Fanny qui pimentera notre journée de pause. Assis à la terrasse d’un café, nous réfléchissions à la suite du programme; un jour de repos puis le col de la Bonette ou celui de Cayolle? René et Fanny passant par là, sont curieux de savoir d’où nous venons et où nous allons, chargés comme nous sommes. Il faut dire qu’ils s’y connaissent en cyclotourisme, ayant déjà sillonné la France à dos de vélos. Finalement nous aurons l’honneur de dormir dans leur « cabane », le temps de reprendre des forces, de se régaler et de peaufiner les détails de la suite de l’itinéraire. Merci milles fois pour le bon accueil! Nous quitterons Jausiers la socquette légère et attaquerons des sourires plein la tête la Cime de la Bonette. Quelques kilomètres avant le col, nous aurons encore le plaisir d’être rattrapés par René et Thomas, afin de partager un dernier pique-nique bien mérité.

Puis vinrent Benoît, Liz, Camille, Théa et Bastien, qui partagèrent chaleureusement avec nous leur table et leur dîner au club nautique de St-Julien-sur-Verdon, avant d’embarquer sur un catamaran découvrir le Lac de Castillon. Que du plaisir!

Et voilà! Sète est déjà là… Un tour encore à l’espace Brassens, afin de finir cette belle étape en musique et se reposer avant la traversée de la grand-mare des canards jusqu’au Maroc, où nos aventures se poursuivent.

Sarah | 21 septembre 2016 | Fès | Kilomètre 1’900

2ème matin: devant le pont qui branle!
Col de la Colombière: 1ère grosse ascension
Dans la montée du Cormet de Roselend
Joli spot pour du camping sauvage dans la montée du Galibier
Route du col du Galibier
Heureux au col mythique du Galibier
Derniers mètres avant le col de l’Izoard
Panneau encourageant dans Jausiers 🙂
Devant la cabane avec René
Vue de la cime de la Bonette
Paysage cévennol
Cirque de Navacelle
Sète au départ du ferry

4 commentaires sur “Mise en jambe

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  1. Chers Sarah et Arthur,
    Quel fabuleux récit de voyage ! J’avais entendu par bribes que vous pédaliez bien, que ça montait et que ça descendait, que les vélos accusaient un léger surpoids et que vous aviez embarqué à temps pour rejoindre le Maroc. Magnifique ! Continuez de nous faire rêver, l’automne (ou l’été indien ?) en Suisse ne fait que commencer ! Je pense bien fort à vous et vous embrasse. Barbara

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  2. Hello Sarah et Arthur,
    J’ai bien pensé à vous en passant dans les mêmes paysages cette semaine. Et ces routes de cols mythiques mettent l’eau à la (ba)bouche. Bonne continuation au Maroc!

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  3. Wahou les copains!!
    J’ai bcp aimé les deux articles où on a même pas besoin de lire la signature pour voir qui a écrit 😉 On reconnaît votre style à chacun assez directement!
    Ca fait plaisir d’avoir de vos nouvelles de cette manière. Vous vivez (et allez vivre encore) des aventures assez incroyables! Profitez de tout ça et prenez soin de vous!
    Bisous!! Aurélie

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