Cusco (08.08.17) – Huancavelica (31.08.17)
Le 7 août, date des grandes retrouvailles! Arthur plaisante en chemin, « regarde c’est l’avion de Patricia et Jean-Jacques, il ne peut pas se poser et retourne à Lima… » Maintenant que l’heure est toute proche, je serais vraiment déçue d’un rendez-vous manqué! Mais non! 30 minutes après notre arrivée à l’hôtel Illa, je les entends pousser la porte avec tous leurs bagages, dont une partie nous est destinée ;-)! Le patio, agréablement amenagé, est témoin de l’effervescence du moment. Nous discutons plus de deux heures avant de monter enfin dans nos chambres, prendre une douche indispensable. Et là c’est le choc! Le lit est aussi large que long, la douche a du débit et il y a même des peignoirs… Ça a du bon les vacances :-)!
Le lendemain, nous partons à la découverte de Cusco, le nombril du monde pour les Incas. La ville bourdonne d’activités, entre rabatteurs de toutes sortes (restaurants, massages, nettoyeurs de chaussures, femmes en habits traditionnels vendant des photos de leur lama) et touristes de tous horizons. Nous la prenons très cool, profitons longuement des déjeuners du Illa, déambulons en ville à la recherche d’un joli point de vue avant de continuer nos discussions et « mises à jour » autour d’un ceviche (poisson cru cuit dans du jus de citron), alpagas au grill et truites dans des petits restos du quartier San Blas.
Après deux jours, nous sommes ravis de retrouver la campagne et regagner notre liberté grâce à Arthur, qui joue les chauffeurs pour les jours à venir. Bien que touristiques, les lieux visités – Chinchero, Moray et Salinas – nous plongent en douceur dans la culture inca, bonne introduction pour le Machu Picchu.
À Ollantaytambo, la coupure générale d’électricité nous réserve la bonne surprise d’un souper aux chandelles :-)! Ce village, point de passage obligatoire pour ceux qui se rendent en train à Aguas Calientes, n’est pas inintéressant puisqu’il abrite une forteresse inca. Celle-ci n’eut pas le temps d’être terminée, en cause l’arrivée des Espagnols, mais recèle quelques merveilles, comme des blocs sculptés avec précision et emboités à la perfection. Alors qu’il est l’heure de filer à la gare, nous nous rendons compte avec stupéfaction que nous avons pris le train pour la dernière fois en septembre 2016, pour relier le port de Tanger au centre-ville… Il est grand temps de retrouver nos AG :-)! Le trajet est somptueux, vertes vallées et sommets enneigés, JJ ne quitte pas la fenêtre des yeux.
À Aguas Calientes, la frénésie est palpable. Dans ce village prioritairement dévolu au tourisme, les hôtels et restaurants sont légions. La foule dense qui défile dans ses rues n’a, elle, qu’une idée en tête… Le Machu Picchu! Les billets d’entrée déjà en poche, ne nous reste qu’à organiser ceux du bus pour nous y rendre. Nous arrivons à la cahute en bois qui s’en charge et sommes très surpris de voir la préposée scanner nos passeports comme à l’aéroport et imprimer nos billets en un rien de temps avec toutes les informations requises et même plus. On comprend mieux pourquoi le billet coûte 12 CHF l’aller simple… Le soir, nous nous rendons à l’Indio Feliz, restaurant franco-péruvien. Celui-ci nous avait été recommandé en Patagonie déjà, lors d’une soirée un peu arrosée avec les gérants d’un autre restaurant, l’Aldea à Puerto Natales! Au moment de partir, Arthur souhaite une agréable soirée à la tablée voisine que nous avons reconnue parler français. Une très bonne idée puisque nous sympathisons avec ses occupants, qui nous proposent de profiter des explications de leur guide le lendemain.
Maintenant que nous sommes là, nous voulons profiter au maximum du temps imparti sur le site de Machu Picchu, soit 6h à 12h. Les premiers bus partent à 5h30 et il est de notoriété publique que la queue se forme bien avant cette heure déjà. Avec Maman, nous jouons le jeu jusqu’au bout. Debout à 3h55, nous nous installons dans la file qui s’étire déjà sur 100 mètres, l’occasion de papoter entre filles ;-). Bien organisées, nous sommes ensuite relayées par les hommes et filons prendre notre déjeuner… Arrivés plus tard, nous proposons aux français de la veille, Bernadette, Françoise, Martial, Daniel et Lili – leur guide – de se joindre à nous dans l’attente. Ils sont ravis de gagner ainsi quelques précieuses minutes sur place et réitèrent leur proposition que nous acceptons avec plaisir! Une fois dans le bus, le trajet ne prend pas plus d’une demi-heure jusqu’à l’entrée du site, sur une route enchaînant les lacets. Là-haut pas d’attente, pas de stand en tout genre et pas de toilette une fois passés l’entrée. Nous sommes définitivement surpris en bien. Grâce aux explications en français de Lili, nous plongeons dans l’histoire du Machu Picchu et ressortons conquis. L’ingéniosité de ses architectes et ingénieurs pour leurs constructions résistantes aux séismes, l’aménagement de la colline en terrasses pour gagner des surfaces agricoles, la vue panoramique offerte par le site, le système de canalisations,… prouvent de la grandeur du peuple inca.
Des images plein la tête, nous reprenons le train, retrouvons notre voiture et roulons jusqu’à Calca, où le jardin d’Aïda nous accueille à bras ouvert. Un peu de tranquillité va nous faire du bien. Calca, loin d’être couru comme les lieux visités précédemment, ne détient qu’un seul restaurant, dit touristique, et celui-ci est fermé. Nous nous rendons donc dans une cantine locale pour la plus grande joie de JJ, qui en ressortant n’en croit toujours pas ses oreilles. 26 Soles soit 8.50 CHF pour les quatre! Et c’était bon ;-)! Pourtant le lendemain, la moitié de notre équipe bat de l’aile… Insolation? Déshydratation? Indigestion? La question reste ouverte… Rentrés à Cusco, notre dernière soirée des vacances est un peu ternie par ces soucis sanitaires mais nous avons déjà tellement profité que ce n’est pas si grave. Le lendemain, Maman et JJ s’en vont découvrir le lac Titicaca pendant que nous préparons notre prochaine étape. Merci beaucoup à vous deux pour ces belles vacances ;-)!
De Cusco, les itinéraires sont multiples. Après réflexion, nous décidons de rejoindre la Great Divide à Huancavelica seulement. Cette route proposée par un couple d’anglais (andesbybike.com/peru/routes/carretera-central-huancavelica/) est connue pour ses paysages à couper le souffle et son engagement physique soutenu. Jusque là, nous empruntons donc la route principale, une succession de cols impressionnante (environ 15’000 mètres de dénivelé pour 800 kilomètres) totalement asphaltés. L’occasion d’une remise en jambe efficace. La route en soi n’a rien d’exceptionnel, mais là réside tout son attrait. Moins parcourue par les cyclistes, encore moins par les gens voyageant en bus, les locaux rencontrés ont gardé toute leur spontanéité. Sur notre passage, les ¡hola!, ¿como están?, ¿por donde se van? rythment nos coups de pédales dans chaque village traversé. Les hôtels, un peu moins fréquents, nous donnent la possibilité de tester de nouveaux hébergements, plus originaux, comme un couloir de la mairie de Kishuara, le dortoir des pompiers de Andahuayllas, le terrain de foot de Seccla. A l’occasion de ce dernier camping, des enfants de tous âges débarquent. Nous leur expliquons notre voyage, l’itinéraire, le matériel, comment faire des spaghettis carbonara,… Un peu gêné au départ, chaque nouvel arrivant commence par se mettre au courant auprès de ses copains et pose ensuite de nouvelles questions. Très appréciable! Le lendemain, alors que nous nous renseignons auprès de la police des possibilités de camping à Lircay, nous sommes envoyés dans le jardin Eden, entrée du cimetière de la ville… La jolie place en herbe nous tend les bras. Ce soir-là, ce ne sont pas les enfants qui nous entourent mais les mères de famille. Moins timides que les gosses de la veille, elles posent toutes les mêmes questions auxquelles nous répondons avec patience. La meilleure restera de savoir si nous n’avons pas peur des esprits du cimetière!
Tout au long de ces 800 kilomètres, la route n’en finit pas de monter et descendre, mais toujours tranquillement. Nous nous armons donc de patience, refaisons le monde, élaborons des plans sur la comète, écoutons de la musique, lorsque nous ne sommes pas simplement accompagnés par le bruit de l’eau qui clapote dans sa rigole. Après les nombreuses heures d’Altiplano, nous sommes sensibles aux odeurs des forêts, aux changements de végétation en fonction de l’altitude (entre 2000 et 4400 mètres). Les oiseaux aussi sont différents et leur apparition signifie parfois que le col est proche.
Côté villes, Ayacucho et Huancavelica sont deux paisibles villes coloniales où il fait bon déambuler sans raison, se poser à une terrasse pour une glace, un café ou un quinotto (risotto de quinoa). Le passé sulfureux d’Ayacucho a l’air bien loin, malgré la rencontre surprenante que je fais dans une rue de la ville. Alors que je cherche une laverie, quelqu’un m’accoste en français. Étonnée je me retourne et demande à l’homme où il a appris cette langue. En prison, me répond-il… Proche du Sentier Lumineux, un groupe marxiste et révolutionnaire des années 80, le vieil homme qui se tient devant moi à passé 20 ans derrière les verrous. Je lui aurais pourtant donné le bon Dieu sans confession. Peut-être fut-il arrêté avant que le mouvement ne tourne en groupe terroriste, financé par le trafic de drogue?
A Huancavelica, l’objectif est atteint. Nous sommes gonflés à bloc, les muscles renforcés et la tête bien reposée pour nous engager dans la prochaine étape, qui semble, elle, plutôt difficile!
Sarah | 1er octobre 2017 | Huaraz | Kilómetro 14’640
Merci pour ce joli récit richement illustré!
La photo avec les parcelles agricoles pourrait être prise en Ethiopie!
Bonne suite de route au gré de vos envies
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