Magnifique Altiplano!

Uyuni (26.06.17) – La Paz (17.07.17)

Rouler à vélo sur le Salar d’Uyuni, un rêve de longue date!! Imaginez une surface plane de la taille de la Romandie à une altitude de 3660 mètres, composée de sel plus ou moins immaculé, plus ou moins lisse. Et trois cyclistes heureux de pédaler sur cette immense étendue… tellement inhabituel! Envie de changer de cap? De prendre 10 degrés plus à gauche? Vamos! Le sentiment est le même qu’à la barre d’un voilier, on ne suit plus forcément une route, mais un cap, un but à l’horizon, pour autant qu’il y en ait un, d’horizon! Plus possible de sortir de la route en cas d’inattention, les accotements font 80 kilomètres de large de part et d’autre de notre roue avant! C’est donc parti pour 160 kilomètres de pédalo!

Sarah, légèrement enrhumée, aimerait s’arrêter avant l’île d’Inkahuasi, caillou central du Salar. Mais Robin ne veut pas dormir au milieu de nulle part, le risque de se faire accrocher par un 4×4 lui semble trop grand… Sarah laisse donc tomber et finit sa journée plus faible qu’elle ne l’a commencée… Au final, le compteur indique 100 km pour seulement 20 mètres de montée, du jamais vu! A l’île, nous jouons aux parfaits cyclistes, c’est-à-dire que nous ne voulons surtout pas camper là où tous les autres touristes s’arrêtent, nous voulons bouffer de la nature! Mais à peine avons nous trouvé la crique de rêve à l’abri des marées touristiques, un quad débarque plein gaz, le début d’une bonne bernardniquade! Le type veut nous extorquer 30 bolivianos par personne alors que nous sommes encore sur le Salar, pas sur son île! On ne va pas payer comme ça, par principe, pour faire du camping sauvage sans infrastructure… Il argumente que c’est le prix pour mettre pied à terre sur son île, pour profiter du belvédère quelques 30 mètres plus haut. Nous, ce qu’on veut, c’est monter la tente avant le coucher du soleil, histoire de ne pas se les geler inutilement. Impasse. Il va chercher son chef. Ce dernier nous interdit de camper là, veut qu’on aille de l’autre côté de l’île, là où débarque tous les touristes. Pourquoi? Parce qu’ici c’est interdit. Argument béton. Nouvelle impasse, en bons Suisses on plie bagage et on bouge. 

Et là c’est la baffe! Les 4×4 viennent par dizaines dégueuler les touristes avides de couchers et de levers de soleil, la place pue les gaz d’échappement, le Salar est presque noir par endroit, les moteurs tournent à l’arrêt… Les Boliviens, en quête d’argent facile, n’ont pas encore la fibre environnementale. Les touristes, marionnettes de cette mauvaise pièce, ne valent pas mieux! Seul le décor mériterait un Oscar! Et nous, nous tombons en plein navet… acteurs malgré nous de ce cirque disneylandesque… Un mauvais rêve, on va bien finir par se réveiller! Effectivement, grâce aux portières qui claquent le lendemain avant l’aube, les premiers touristes sont de retour…

Nous trouvons le calme dans la montagne, comme bien souvent. L’avant-sommet du Tunupa, 5150 mètres, nous offre une vue assez exceptionnelle sur les déserts de sel d’Uyuni et de Coipasa, prochaine étape. Après cette jolie balade, nous prenons notre revanche sur le Salar, en plantant la tente en son bord. Calme, solitude, flamands roses, maté, coucher de soleil et dodo. 

La suite passe par Llica, Villa Victoria, Tres Cruces et le Salar de Coipasa. Plus petit, moins touristique, moins pollué et entouré de magnifiques volcans, ce Salar nous accueillera en son centre pour la nuit, sans sourciller, pour un souvenir impérissable de camping sauvage doublé d’un sentiment de liberté inégalable…

A la sortie du Salar, nos routes se séparent. Robin choisit l’option Sabaya afin de pouvoir rallier La Paz et retrouver Ivette au plus vite. Sarah et moi mettons le cap sur le Chili pour une ultime incursion. Le programme? 200 kilomètres de piste entre 4200 et 4700 mètres et trois cols à passer, le tout dans une région terriblement reculée. Nous quittons donc Colchane avec quatre jours de nourriture dans les sacoches. Sarah n’est pas encore bien remise et tourne sur trois cylindres. Quant à moi un début de grippe me prend à revers dès les premières heures. Sans le savoir, un long chemin de croix se profile devant nous… Affaiblis, Sarah se dope avec son spray tandis que je carbure aux anti-inflammatoires pendant quatre jours, seul moyen de sortir de cette contrée sauvage. Les côtes les plus raides se passent désormais à pied, car les forces nous manquent. Le rude climat hivernal ne nous facilite pas la tâche et dicte notre rythme journalier: réveil dès que le soleil lèche la tente, enfilage des sacs de couchage peu après le coucher de cet astre déjà regretté. La température oscille entre +15 et -15 degrés Celsius entre le jour et la nuit. Nous roulons 5 heures par jour et passons 13 heures par nuit dans la tente… L’eau gèle, l’huile d’olive se fige, le shampoing sort par pétoles durcies, les légumes, les fruits et la charcuterie gèlent aussi! Avec l’humidité, l’intérieur de la tente se couvre de givre, les verres de lunettes et de montre d’une fine couche de glace… Seuls la benzine du réchaud et le liquide des freins à disque restent à l’état liquide, ce qui n’est déjà pas mal! 

Deuxième jour, 16 heures. Nous hésitons à poser la tente au bord du Salar de Surire, avec son lac et ses flamands, pour une nuit idylliquement glaciale. Mais cinq kilomètres plus loin, il y a un poste de police, peut-être le couvert, un toit et même une douche? Seulement voilà, jusque-là nous n’avons jamais été bien accueillis par les policiers chiliens, nous sommes au bout du rouleau et le soleil ne va pas tarder à disparaître… N’empêche, un toit pour la nuit… Nous tirons cinq bornes de plus et là, tatadaa, nous sommes accueillis comme le Messie! La raison est toute bête: Nestor, le policier de faction a repéré quatre cyclistes français au bord de la route. Encore plus fatigués que nous, il les a embarqué dans son pick-up, direction le poste! Mais la communication entre les deux partis est difficile. Comme nous parlons français et espagnol, on va pouvoir jouer aux traducteurs… La suite est comme un rêve éveillé: soupe de lentille et pain maison en guise d’accueil, douche chaude, souper tous ensemble, discussions diverses avec les policiers chiliens (surveillance de la frontière avec la Bolivie, prix du kilo de cocaïne qui double entre Iquique et Santiago, politique d’avortement au Chili et en Suisse, corruption de la police suisse…), dodo sur nos matelas à même le sol de la salle à manger (+12 degrés au sol contre -12 la nuit précédente dans la tente… Choc thermique!), petit déjeuner avec œufs au fromage de Mauricio, le chef du poste! Quant à eux, nos vélos ont dormi dans un hangar, à côté de 500 kilos d’habits de seconde main provenant des Etats-Unis, fruits de la contrebande bolivienne! Nous repartons remplis de bonne humeur, mais toujours aussi faibles…

Sajama est connu pour ses volcans à plus de 6000 mètres et ses sources d’eau chaude. C’est donc naturellement que nous prévoyons d’y passer quelques jours. Mais avant, petit tour au centro de salud de Tambo Quemado, histoire de se refaire une santé! J’explique mes symptômes à la pseudo-doctoresse. Elle me propose des médicaments par voie orale ou une piqûre dans le derrière. Je lui demande ce qui est le plus approprié, elle me répond que la piqûre agit plus rapidement. Va pour la piqûre donc! Mais encore aujourd’hui, même avec l’aide de Google, je ne sais toujours pas ce qu’elle m’a injecté! 

Sajama donc, Robin et Ivette nous rejoignent pour aller se balader à 6000 mètres. Sarah, qui malheureusement tourne toujours au ralenti, prend la sage décision de se reposer au village. Nous jetons notre dévolu sur l’Acotango (6050m) pour une première expérience, puis sur le Parinacota (6330m). Ce dernier est un cône parfait, dont les 500 derniers mètres de dénivelé sont recouverts de neige. Extrêmement facile techniquement (je me fais ch… comme un rat mort), les deux dernières heures sont éprouvantes, signe que nous ne sommes pas tout à fait acclimatés… Nous nous traînons à 180 mètres de dénivelé par heure. Au sommet, nous sommes récompensés par le magnifique panorama, ainsi que par la vue plongeante donnant sur le cratère, profond de quelques 150 mètres. Après une nuit sous tente au pied du volcan (5100m), nous redescendons à vélo dans le sable volcanique, expérience qui se révélera intéressante (2h15 pour 900m de descente sur 20km).

Après une semaine passé à Sajama, nous reprenons enfin la route, gonflés à bloc, direction La Paz! Un mélange subtil de petites pistes reculées et de gros axes routiers nous mène en quatre jours et 290 kilomètres à la capitale la plus haute du monde (les pouvoirs exécutif et législatif sont à La Paz, le pouvoir judiciaire à Sucre). Le dernier jour sera particulièrement bien rempli: 100 kilomètres, une crevaison (Sarah mène désormais 5 à 4) et une morsure canine dans mon mollet gauche… Au programme donc pour les prochains jours: recherche d’un vaccin antirabique, visite de la ville, bonnes tablées, marchés effrénés, jubilé de la jubilaire et… montagne! 

Arthur | 11 août 2017 | Aguas Calientes (Cusco) | Kilómetro 12’930

Malgré les couleurs chaudes du crépuscule, Uyuni est plutôt connue pour son vent glacial.
Jennifer Salinas, la Reina Boliviana (deux fois championne du monde de boxe), en plein shooting sur le Salar.
Le Salar d’Uyuni et ses fameux pentagones et hexagones irréguliers.
Sur la piste, le sel est pratiquement aussi lisse et dur que de l’asphalte, ça roule!
L’île Inkahuasi, avec ses cactus géants et son alignée de tables, attire les touristes par dizaines. Au petit matin, nous ferons face à une quinzaine de 4×4…
Mer de brouillard ou étendue de sel? En tout cas nous saurons apprécier notre belvédère privé!
Dans la montée du Tunupa. Au centre l’avant-sommet et à droite le sommet principal et son cratère.
Coulée de boue et Salar d’Uyuni, quelques 1500 mètres plus bas. NB: sur la photo de la page de titre, le Salar de Coipasa est également visible sur la droite.
Bivouac en bordure de Salar…
… en compagnie de flamands roses!
Tels des Francesco Schettino en herbe, Robin et Sarah s’approchent dangereusement des côtes!
Balade de santé pour les frères Gremaud!
« Nous avons récupéré la politique, l’économie et la dignité. Il ne nous manque plus que la mer ». Ou encore: « penser différemment n’est pas un délit ». Peinture murale dans une rue de Llica.
Scène de vie dans les rues de Llica.
Si les Salars sont durs et roulants, il en est autrement à leurs abords! Piste entre Llica et Tres Cruces.
Chez nous les vaches regardent passer les trains, ici les lamas ont l’air de se contenter de cyclistes!
Juste avant le Salar de Coipasa, il faut un peu chercher la meilleure piste!
Salar de Coipasa, pura vida!
Bivouac sur le Salar de Coipasa…
… nous sommes seuls, pas une voiture, pas un animal, pas un bruit, nada!
Seuls les nuages s’en mêlent, pour un spectacle de toute beauté!
¡Buenas noches!
En arrivant au village de Coipasa. Malheureusement, ce genre de tableau est encore monnaie courante en Bolivie.
Un petit garçon qui n’a jamais voulu nous dire son nom… Mais il était très curieux par rapport à notre matériel et bien content aussi de pouvoir goûter un peu de notre pique-nique! Quand on lui a demandé où est-ce qu’on pouvait mettre notre poubelle, il a simplement dit qu’on pouvait la laisser en bordure de village… D’où le résultat de la photo précédente! Ah il y a encore du boulot en matière d’éducation… des adultes!!!
Rive nord du Salar de Coipasa, parsemée de collines sableuses… Est-ce toujours bien la Terre?
Pour notre ultime incursion au Chili, nous aurons droit à une région assez esseulée…
Vigognes et flamands roses se partagent les abords du Salar de Surire.
Salar de Surire toujours.
Chez les carabineros de Chilcaya: David (el Turco à cause de son teint), Mauricio (el jefe), Simon, Malo, Sarah, Lilian, Nestor (au 1er plan, le gai-luron de l’équipe), Eduardo (le cuistot) et Quentin.
Quasi les mêmes, dans un autre ordre. Les flics tenaient absolument à poser avec leur pick-up, qu’on ne voit à peine!
6000 en vue! Et bientôt la fin définitive du Chili pour nous..
Durant ces quatre derniers jours au Chili, les lamas, alpagas, vigognes et autres nandous sur toile de fond grandiose feront partie de notre quotidien!
Le Guallatiri (6060m) et son panache de fumée n’ont pas l’air d’intimider Sarah!
Adiós Chile! De gauche à droite: les nombreux camions qui attendent de pouvoir entrer au Chili, le lac Chungará (4550m), le Parinacota (6330m) et le Pomerape (6250m).
Scène de vie au poste frontière de Tambo Quemado (Bolivie).
Le Parinacota et le Pomerape vus du village de Sajama.
Majestueux Sajama, point culminant de la Bolivie (6550m).
Ivette dans la montée de l’Acotango (6050m). Derrière elle, le Sajama est encore plus haut que le soleil…
Vue sur le Chili et le Salar de Surire depuis la montée de l’Acotango.
Proche du sommet de l’Acotango, avec en toile de fond le trio Parinacota-Pomerape-Sajama.
Au sommet du Parinacota!
Cratère du Parinacota.
Face Sud du Pomerape avec Robin et Ivette au premier plan.
Camping sauvage à 5100 mètres!
Marché à Curahuara de Carangas.
Piste vallonnée au sud de La Paz, tranquillité garantie!
Taillage de bavette avec les producteurs de sel du village de Jayuma Llallagua. Les blocs, estampillés d’un fer à cheval (visible sur le bloc de droite au premier plan), partent en camion pour les marchés de La Paz.
La Paz vue d’El Alto, véritable fourmilière située entre 3300 et 4100 mètres. La descente est tellement raide que je devrai faire une pause (les semelles ont chauffé!), histoire que les freins à disque refroidissent!!

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